Cache-cache micro

Le nouvel éducateur N° 122

Octobre 2000

Radio à l'école,

une pédagogie active de l'oral

Une plage horaire réservée

aux écoles sur une radio associative

Tous les jours, Radio-Déclic, une radio associative sans publicité (et pas une radio scolaire) prête ses ondes aux écoles. Tous les jours, à 13 h 35, on peut brancher Radio-Déclic et entendre une classe raconter une histoire, parler d'un livre, relater une visite, présenter un débat, étudier un sujet... (encart pages II et III)

Le principe de l'interaction

Chaque vendredi, un débat est ouvert à tous ceux qui écoutent, en général il porte sur l'émission du lundi. Les enfants téléphonent directement à la radio et donnent leur point de vue en direct. Enfin, un jeu, le Cherche-cherche-mieux, est proposé juste avant les émissions, il s'agit pour une classe de poser des questions aux auditeurs (tout est permis, du plus sérieux au plus farfelu). Ces derniers ont toute la semaine pour répondre par téléphone, fax, Internet ou courrier. Les réponses sont données sur les ondes la semaine suivante.

Il y a quatorze ans naissait le projet " CACHE-CACHE MICRO ".

Comme son nom l'indique (ou pas, d'ailleurs !) il s'agit d'une émission de radio préparée, conçue et réalisée par et pour les enfants. Un travail d'équipe*.

L'oral, priorité de l'école primaire, ce n'est pas nouveau pour ces écoles !

Mettre en situation fonctionnelle d'apprentissage et de communication, rendre les enfants producteurs et critiques nous a déterminés à nous engager dans cette aventure radiophonique.

Certes, il y a bien d'autres moments et occasions pour développer l'oral dans la classe, mais je ne pourrais qu'insister sur ce qui me semble spécifique à cette activité.

Imaginez que les enfants qui produisent ces émissions en écoutent aussi et sont étonnamment capables de formuler des critères de " réussite " d'une émission. Chaque écoute doit correspondre à une parole et chaque parole à une écoute. Le produit fini que représente l'émission renvoie aux enfants la possibilité de percevoir leurs capacités à accomplir une tâche, et à aller jusqu'au bout d'un projet.

Coopérer

pour réaliser un projet

Imaginez les enfants, accepter, décider de redire et encore redire pour que le résultat soit impeccable.... C'est aussi solliciter l'interaction ponctuelle ou continue de certaines classes ou écoles entre elles (projets communs, recherche d'information que telle ou telle autre école peut fournir...). Et aussi permettre aux parents de partager un petit moment de classe avec leurs enfants (notamment grâce aux rediffusions du soir et du samedi).

Travailler l'oral ?

Alors, un travail oral comme un autre ? Non, pas tout à fait :

  • un plus un peu magique côté motivation... (c'est chouette, la technique...) ;

  • un plus côté dimension (combien de classes nous ont écoutés ?...) ;

  • un plus côté mémoire... (on conserve de la parole... pas courant.)

  • un plus côté qualitatif... (enfin, le toilettage technique aide un peu...). Un oral que l'on retravaille, transforme, modèle comme un écrit...

  • un plus côté classe : une ouverture des classes sur les autres classes. (encart pages IV à VII)

Dans le prolongement de la radio, la fête

de l'expression et de la communication

Dès le début de ces productions est née aussi l'idée de faire se rencontrer les enfants qui toute l'année communiquent par les ondes (encart page VIII). Alors, pour créer cet événement, tous les ans, à la veille de la fête des mères, on se retrouve dans un des villages du Toulois qui décuple sa population pour quelques heures, lors d'une journée un peu folle. Chaque classe arrive avec un ou plusieurs ateliers en relation avec le thème de l'année (l'écologie, la récupération, la musique, le mouvement, le passage à l'an 2000, le merveilleux et le féerique....) et les enfants vont et viennent librement à travers tout le village fermé pour l'occasion à la circulation. En début d'après midi, une parade-défilé clôt la participation des écoles. Le village peut reprendre le flambeau des animations jusque très tard... ou très tôt.

Le groupe Freinet 54

http://www.ac-nancy.metz.fr /ia54/site/com2000

http://www.ac-nancy.metz.fr/ia54/sitecom

Nos liens:

@ L'école : http://www.ac-nancy-metz.fr/IA54/

site/moutrot/default.htm

http://www.ac-nancy.metz.fr/ia54/sitecom

@ Le journal à 4 : http://www.ac-nancy-metz.fr/IA54/site/ppj/default.htm

@ Le secteur du Toulois, avec plein de copains dynamiques :

http://www.ac-nancy-metz.fr/IA54/site/frame.htm

@ La fête Expression et communication :

http://www.ac-nancy-metz.fr/IA54/site/ccm/fetcom/sommaire.htm

Réaliser une émission : différentes approches

Première approche

La réalisation d'émission est vue par certains enseignants comme une mise en valeur d'une production des enfants. L'enseignant réutilise un travail déjà fait en classe. Autrement dit, le travail, les recherches qui ont été faites n'avaient pas pour finalité de devenir une émission.

L'enfant est mis en position de production d'un certain savoir, d'une certaine maîtrise d'un sujet et avec l'émission " on fait profiter " les autres d'une recherche que l'on a accomplie. Dans ce cas, l'émission revêt une double fonction : celle de mettre en valeur une production au sein de la classe et celle, dans la situation de communication propre à la radio, de donner à d'autres enfants, à d'autres classes la possibilité de bénéficier d'un travail que l'on a fait, avec l'enjeu que l'émission profite aux autres.

Deuxième approche

On saisit les situations quand elles se produisent. Le thème n'est pas prédéfini, il est capté " au vol ", dans le feu d'une discussion, d'un événement, d'une situation de communication présente dans la classe

Là, il n'y a pas, ou peu d'écrit support à l'expression, ce n'est pas " de l'écrit oralisé ", mais un oral spontané, peut-être moins parfait, mais plus " vrai ".

Troisième approche

L'enseignant apporte lui-même le sujet. Voici un exemple dans l'une des premières émissions de l'année : il s'agissait d'imaginer ce que penseraient les hommes en l'an 20012 en découvrant des objets de l'époque actuelle : une télé, un four... Le but était de capter l'attention des auditeurs en les amusant, et il leur était proposé de prendre d'autres objets, d'en faire une interprétation futuriste et d'exposer ces devinettes au forum. Les enfants ont donc effectué des recherches, ont écrit le scénario, puis ont enregistré leurs descriptions étonnantes. Ce qui est important dans ce type de démarche, c'est la prise en compte de l'auditeur, dans ce que l'on veut produire comme effet. La situation de communication " émetteur-récepteur-code-message " détermine la forme de l'émission.

Extraits d'interviews d'enseignants, pratiquant ou non une pédagogie coopérative

- Pourquoi faites-vous écouter les émissions de radio Cache-cache-micro aux élèves ?

- Pour diversifier l'écoute. On a l'habitude d'écouter la maîtresse, les autres enfants de la classe ou de la musique mais avec Cache-cache-micro, c'est une voix qui vient d'ailleurs ; pour les enfants cela a quelque chose de magique, ils sont drôlement attentifs. C'est un moyen de savoir ce qui se passe ailleurs. Ils s'aperçoivent que d'autres écoles ont travaillé sur la même chose que nous, c'est intéressant, ça donne des pistes nouvelles.

- Utilisez-vous, prolongez-vous parfois les émissions de radio ?

- Presque à chaque fois, soit par un débat, soit par une vérification d'écoute, soit par un travail sur le sujet traité dans l'émission.

- Il y a toujours une discussion libre à l'issue de l'émission écoutée. On ne peut pas préparer l'écoute, car on n'a pas les sujets des émissions à l'avance, donc le débat reste parfois peu approfondi. Quand il s'agit d'un thème qui a été abordé en classe, on essaie de comparer, de se souvenir de ce que l'on avait fait.

D'autre part, j'enregistre les émissions qui ont plu aux enfants, ce qui me fait une banque de documents sonores pour mon coin écoute.

- Qu'est-ce qui conditionne la qualité d'écoute des élèves ?

D'une part sa qualité technique : des émissions pas trop longues, mais entrecoupées de comptines, chants pour que les enfants ne soient pas obligés de rester attentifs trop longtemps.

D'autre part, le rituel : les enfants savent qu'on écoute la radio tous les mardis et jeudis, au même moment. Cette habitude est importante, ils s'attendent à devoir être attentifs et à bien écouter.

- Que se passe-t-il du côté des élèves pendant l'écoute ?

- Ils se sentent concernés par certains sujets. Parfois certains se fixent sur un mot, une phrase et en restent là, mais quand l'émission est inductrice de débats ils voudraient alors intervenir tout de suite. C'est un gros travail d'écoute, car il ne faut pas réagir dans l'instant, sinon on perd le fil. On apprend à attendre et à préparer son argumentation.

* Martin et Magali Wenz-Guglielmi, J.-Luc Cronne, Yolande Valentin, André Dejaune et Agnès Fajon, membres du groupe Freinet 54 (Meurthe-et-Moselle) enseignent dans le Toulois.

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