Le reportage

Il ressemble beaucoup à une interview en extérieur, à cela près que l'ambiance sonore est très importante dans ce type d'enregistrement. Bien sûr les paroles comptent, mais à la limite on peut parfois s'en passer et ne faire un scénario qu'avec les bruits ambiants: dans une menuiserie par exemple, ou encore à "la criée" dans un port, ou en pleine nature.

Le reportage suivant a entièrement été écrit à l'avance par Isabelle, dont le papa est ambulancier, ensuite elle a emprunté le mini-K7 de l'école pour ramener ce scénario, avec connivence du papa:

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Bruits de fourchettes, d'assiettes......

- Isabelle: Papa, j'ai fait zéro faute à mon texte de semaine.

- Papa: Ah c'est bien, c'est très bien. Bip, Bip, Bip Bip Ah! on m'appelle, il y a une urgence.

- Isabelle (comédienne): Oh! On est toujours dérangé quand on mange.

- Papa (comédien aussi) Mais oui, mais c'est ça ma petite, c'est ça le métier, il faut il y aller quand il y a urgence. Bon j'y vais.

- Radio ambulance: (de connivence) Il faut aller à l'hôpital général, chercher un bébé pour l'emmener en pédiatrie à Saintes.

- Papa: Bon, j'y vais tout de suite.

- Isabelle: On peut aller avec toi.

- Papa: Si vous voulez.

Bruit du moteur qui démarre, sirène et en même temps questions réponses sur le travail de l'ambulancier alternent amenant un contenu au reportage.

"C'est une vraie fausse interview" disent les enfants. Peut-être ceci les aidera-t-il à entendre et voir les autres vraies-fausses interviews que les médias proposent, et de faire la différence avec les fausses vraies interviews que les mêmes médias peuvent diffuser?

Après un reportage en situation réelle (un cimetière Mérovingien venait d'être découvert à une quinzaine de kilomètres de l'école et les enfants ont alors demander à interviewer l'archéologue chargé de la découverte), non seulement ils ont pu parler avec l'archéologue et lui poser des questions, mais en plus, ils ont eu la possibilité de fouiller, eux-aussi, comme des vrais archéologues, comme Indiana Jones.

Cette sorte d'entretien avec un "spécialiste" a fortement marqué les enfants, surtout quant au doute à propos de la recherche historique, que l'on peut transposer à la recherche scientifique toute entière.

Si bien que les CE, après cette aventure, ont enregistré une discussion diffusée par France Culture et primée par le CIRASTI, car l'archéologue a su leur montrer toutes les possibilités d'interprétation d'un phénomène historique: dans cette discussion on peut noter, dans le dire des enfants, beaucoup de "on n'est pas sûrs, mais..., ils ne sont pas sûrs que..., on croit que..., on croit qu'on est sûr...etc...

Le doute scientifique est partout dans leurs propos, et c'est peut-être tant mieux que chacun considère que "je crois que je sais" est préférable au "je sais que je crois" . (Pierre Clanché Université Bordeaux II).

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Nels: Nous, on ne sait pas tout sur autrefois, parce que.... et les savants, ils ne sont jamais sûrs.

Jessica: Jamais sûrs de quoi?

Nels: du temps des dinosaures, du temps des gallo-romains, des romains, des gaulois, tout ça quoi!

Elodie: Nels, tu dis qu'on n'est pas sûr, mais il y a des choses dont on est assez sûrs, comme les savants, les archéologues, ils ont trouvé des trucs.

Nicolas: Quoi comme trucs?

Nels: des os, des ossements qui sont très, très vieux, qui sont fracturés...

Elodie: Avec des os tu ne peux pas savoir comment ils s'appelaient. Ce n'est pas sur les os que tu vois qu'ils ont fait ça ou qu'ils n'ont pas fait ça.

Clément: Quand on trouve un os, on n'est jamais sûr que c'est un os du bras, des orteils ou du pied.

Damien: Oui, mais, tu veux dire un os qui n'est pas entier.

Delphine: Les archéologues ont trouvé un squelette dans un cercueil en bois avec plein d'armes.

Nicolas: On croit que c'était un guerrier de Clovis.

Nels: Il n'y a pas que les os, il y a les inscriptions sur les murs; par exemple Clovis a fait ça, ceci, mais on n'en est pas très sûr quoi ....

Vincent: De toutes façons, on connaît pas mal de choses sur... mais nous on est un peu plus intelligents que eux étaient...

Marie: Quand on trouve un morceau de poterie peinte en vert, on croit qu'on est sûr que c'est du XIIIème, XIV siècle.

Delphine: Ils ont trouvé de la poterie, une ceinture et un petit verre en plastique.

Marie: Ce n'était pas en plastique parce que le plastique n'existait sûrement pas.

Vincent: C'était en verre!

Clément: Ils ont aussi trouvé des couteaux.

Nels: Moi, je reviens au verre, il était tout rond en bas, alors ils pensent que c'était du bois, que cela tenait par un manche. Nous, quand on est allé voir les archéologues au terrain pour fouiller, on nous a dit que le temps de Mérovée, c'était le moins connu.

Nicolas: On appelle dans ce temps, on les appelle les Mérovingiens et cela vient de Mérovée, le grand-père de Clovis.

Eloïse: Est-ce que les recherches des archéologues servent à quelque chose?

Marie: Oui, parce qu'il y a des choses qu'ils ne savaient pas, alors à chaque terrain de fouille, ils apprennent quelque chose.

Nels: Ils trouvent des découvertes, quoi...

Elodie: Les chercheurs aussi, ils pensent que les dinosaures ont disparu à cause de météorites, ils ont fait des expériences pour savoir si c'était vraiment ça, si c'était un météorite ou autre chose.

Marie: Et ils sont encore en train de chercher, bien sûr.

Le son de cette discussion ainsi que celui du reportage a été incrusté sur une bande vidéo réalisée durant les fouilles. Un message minitel a été envoyé par Mickaël pour dire "nous avons fouillé un cimetière mérovingien, et avons joué à Indiana Jones, qui veut recevoir notre cassette". Beaucoup de réponses arrivent aussitôt, toujours sur le minitel: Alexandre organise alors un circuit pour cette cassette et quand elle reviendra, il estimera, en consultant des cartes, que la cassette aura parcouru plus de 3000 kilomètres, et sera passée dans une trentaine de classes de l'hexagone.

Communication oblige.

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